Juge à la Cour Suprême des États-Unis et féministe

Ruth  siégeait  depuis 1993 à la Cour Suprême. Elle vient de mourir d’un cancer à l’âge de 87 ans. La juge faisait rempart contre les forces conservatrices avides de démanteler les conquêtes progressistes du XXème siècle.

Les États-Unis  sont à un mois et demi des élections présidentielles. Le contexte est  tendu et le pays déchiré  politiquement  en cette fin de mandat de Donald Trump.

 Ruth est née de parents juifs et immigrés d’Ukraine  et  d’Autriche. Elle commença ses études universitaires à Cornell avec l’aide d’une bourse. Elle continua ensuite un parcours brillant en  Droit à Harvard. En 1956 elle fut l’une des 9 femmes  sur les 500 étudiant.es en droit de cette université.  En 1963, elle devint avocate de l’American Liberties Union (ACLU) ce qui lui permit à peine âgée d’une trentaine d’années de plaider devant la Cour Suprême.

Très tôt elle consacre sa carrière de juriste, d’enseignante , de chercheuse aux droits des femmes et à la défense des droits de la famille contemporaine,  ses multiples facettes et ses  inégalités statutaires.

Ruth Bader Ginsburg

En 1972 elle co-fonda l’association Women’s Right Project. Entre 1972 et 1978 elle eut à plaider dans six grandes affaires  de discriminations fondées sur le sexe. Lors de l’affaire Reed, Ruth rédigea un dossier  analytique  et récapitulatif  sur toutes les lois américaines qui renforçaient  l’oppression des femmes à cette époque. Ce dossier fut par la suite un modèle pour les avocates  travaillant sur les questions féministes.

En 1975, lors de l’affaire Weinberger versus Wiesenfeld elle réussit à faire reconnaître qu’un homme , veuf, élevant ses enfants devait bénéficier des mêmes avantages fiscaux que ceux accordés à une femme dans ce type de situation.

La stratégie de Ruth consista à travailler sur le 14ème amendement de la Constitution afin que la Cour suprême comprenne que  l’égale protection de tous et de toutes par la loi ne s’arrête pas à la discrimination raciale. Elle mit en lumière les discriminations  de genre. Sa défense de la famille moderne  lui a valu bien des ennemis  dans  une Amérique de plus en plus conservatrice.

En 1993 le président démocrate Bill Clinton nomma Ruth  comme juge  dans cette Cour, ce qui fut  confirmé par le Sénat à une écrasante majorité. Elle y fut la seule femme. Depuis en 2009 deux autres femmes ont été nommées par Barack Obama.

Ruth  dite « The notoriousRBG » est  entrée dans la légende de son vivant, fort appréciée des jeunes pour son audace et sa détermination.Elle avait  refusé de prendre sa retraite en 2013 malgré des soucis de santé. Un film et un documentaire lui ont été consacrés en 2018.