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Procès du footballeur Benjamin Mendy accusé d'une série de viols au Royaume Uni

Horrifiée par ce procès, Michèle Vianès, présidente de l'association Regards de femmes,  nous communique le lien et le verbatim de la chronique que l'association a consacré à ce procés en août. Elle a consacré le Regards de femmes du samedi 3 aout dans le Grand Matin Week-End de Jean-Marie Bordry sur Sud Radio à cette  dramatique affaire.

Voici le lien de la chronique 
https://www.youtube.com/watch?v=2z8b9oQ8A2Y
et le verbatim : 
" Benjamin Mendy est accusé d’une série de crimes, par sept femmes : huit viols, une tentative de viol et une agression sexuelle. Les dix chefs d'accusation retenus contre lui concernent des faits qui se seraient déroulés entre octobre 2018 et août 2021 dans sa propriété isolée dans la campagne anglaise. Étant donné la gravité des faits, il risque la prison à perpétuité.
Il est jugé au côté d'un autre homme, Louis Saha Matturie, qui est poursuivi pour huit viols et quatre agressions sexuelles sur huit femmes entre juillet 2012 et août 2021.

Les deux hommes ont plaidé non coupables. 
Le procès doit durer plus de 3 mois. La première semaine est dédiée au rapport de l’avocat de l'accusation Il a annoncé aux membres du jury qu'ils auraient à écouter les témoignages de 13 femmes différentes.
L'accusation a présenté Mendy comme un "prédateur" ayant abusé de victimes "vulnérables, terrifiées et isolées" et son ami Matturie en tant que "fixeur". Avec pour fonction de lui "trouver des jeunes femmes et de créer les situations où elles pouvaient être violés et agressées sexuellement.
Leur stratégie était toujours la même, selon l’accusation.
Les deux hommes commençaient la soirée avec des jeunes femmes d’une vingtaine d’années, dans un bar ou une boîte de Manchester, avant de les inviter chez Mendy à la campagne, au sud de la ville, alors qu’elles étaient parfois déjà ivres. 
Une propriété isolée dans un chemin rural, sans éclairage public,  Le village le plus proche était à quinze minutes à pied. L’emplacement isolé et l’impossibilité d’aller ailleurs à pied ont renforcé l’impression des témoins de se sentir piégées ou isolées. » 
Une fois sur place, leur téléphone était confisqué, officiellement pour éviter que des photos de la star ne puissent fuiter. et les empêcher d'appeler au secours.
Ensuite, Mendy et Matturie « n’acceptaient pas qu’on leur dise non, ou fabriquaient des situations où dire non n’était pas une possibilité », poursuit le procureur.
Les témoignages des victimes sont glaçants. Alors qu'elles refusaient d'avoir des rapports sexuels, qu'elles ont dit non à plusieurs reprises, elles ont été violées à plusieurs reprises.
Il convient de rappeler la manière dont la parole des victimes est entendue lors des procès au Royaume-Uni.
Les plaignantes sont entendues en tant que témoin et non en tant que partie civile et ne sont pas représentées ni accompagnées par des avocats.
Et ce qui est stupéfiant et inique, alors qu'elles n'ont pas d'avocat à leur côté, elles sont soumises au contre-interrogatoire des avocats de l’accusé.
En outre depuis 2019 au Royaume-Uni, les enquêteurs peuvent demander aux victimes de viol un accès aux données de leur téléphone et donc de leurs recherches et échanges, mesure décriée par les associations féministes britanniques, craignant que cela ne décourage les femmes de déposer plainte, par peur d’être décrédibilisées à cause de certain de leurs messages. 
C’est bien le cas lors du procès de Mendy. Ses avocats citent des recherches ou conversations téléphoniques des victimes pour tenter d’invalider leurs témoignages.
Ce qui pose problème, lors d’un procès dont l’objet est de déterminer la culpabilité d’un accusé, qui bénéficie de la présomption d’innocence. Mais cela témoigne aussi de la prégnance, dans nos sociétés patriarcales, du stéréotype de la femme « vénale » motivée par l’argent et du soupçon de complot pour « ruiner des carrières ».
Autant de préjugés qui pèsent sur les victimes de viol et sur la manière dont elles sont traitées par les médias et par la justice."