Article du Haut Conseil à l’égalité
20 mai 2020
La France promeut depuis 2018, à l’instar de la Suède et du Canada, une « diplomatie (ou politique étrangère) féministe », destinée à « mener partout et tout le temps le combat de l’égalité », en priorité dans un cadre multilatéral où nombre d’Etats tentent de s’affranchir de leurs engagements internationaux en matière d’égalité et de droits des femmes.
Mener une diplomatie féministe, qui place l’égalité femmes-hommes, la liberté et les droits des femmes au coeur de la politique étrangère, est déjà en temps « normal » une gageure, tant des intérêts politiques, économiques, culturels, idéologiques, religieux s’efforcent de la combattre. En temps de pandémie, la tentation est encore plus vive de la considérer, dans l’urgence, comme un enjeu non essentiel et de la reléguer à un rang subalterne. Ce serait une erreur. Mener une « diplomatie féministe » est aujourd’hui plus que jamais nécessaire, tant du point de vue de la justice que de l’efficacité, en particulier pour la structuration à plus long terme de sociétés plus égalitaires et plus résilientes.
Le HCE partage le diagnostic posé par des associations, des ONG, des institutions internationales, les pouvoirs publics et nombre d’acteurs de la société civile. L’épidémie de Covid-19, et les périodes de confinement, jouent comme une loupe sur la situation d’une très grande partie des femmes, dans le monde entier, même si ces situations ne sont pas toutes équivalentes. Les autres vigilances égalité du HCE en témoignent. Au niveau international, ainsi que l’indique le Secrétaire général des Nations unies début avril, les droits acquis sont menacés ou risquent de l’être : droits sexuels et reproductifs (droit à l’IVG, droit à la contraception…), mais aussi droit à l’éducation, dont la remise en cause entraîne également dans certaines parties du globe des risques de mariages et de grossesses précoces.