Yvonne KNIBIEHLER née Azaïs
(5 octobre 1922 Montpellier - 25 février 2025 Aix-en-Provence)
Une approche novatrice de l’histoire des femmes et un engagement social.
Universitaire, essayiste, historienne et féministe, Yvonne Knibielher a été reçue à l’agrégation d’Histoire-Géographe en 1945 ; elle a commencé à enseigner au lycée de Nîmes. Elle a ensuite suivi son époux Jean Knibiehler (en poste au Maroc). Elle a enseigné au lycée de garçons à Oujda avant de regagner la France. Yvonne entreprit en 1962 une thèse d’État sur François-Auguste Mignet et l’histoire philosophique du XIXe siècle ». Elle la soutint en 1970. Par la suite elle est nommée à l’université d’Aix-Marseille et se spécialise dans l’histoire des femmes, de la famille et de la santé.
Elle créa en 1971 avec Christine Souriau (qui s’intéressait à la situation des femmes dans le monde arabe méditerranéen) les premiers enseignements sur les femmes et leur histoire. Yvonne fonde le CEFUP (Centre d’études féminines de l’université de Provence). En 1989 elle fait aussi partie des fondatrices de l « Association des femmes et de la ville ».
Yvonne a mené un projet de recherche ambitieux, en coopération avec d’autres chercheur.es grâce à un financement du CNRS. De 1976 à 1980 son enquête nécessita de recueillir des témoignages sur les parcours des assistantes sociales et sur leurs expériences alors en grande partie méconnues. Les résultats de cette recherche furent publiés en 1980 aux éditions Aubier, dans l’ouvrage Nous les assistantes sociales. Il a marqué un tournant dans l’historiographie du service social ; Il s’agissait d’une approche multidimensionnelle du travail social. Il s’est mis en place à l’intersection de plusieurs domaines. Cette étude a mis en lumière le rôle du travail social comme vecteur d’émancipation pour les femmes.
Parmi les autres ouvrages de l’autrice, notons :
- Histoire des mères et de la maternité en Occident, Paris, PUF, 2000. Collection Que- sais-je ?
- Histoire des infirmières en France au XXe siècle, Paris, Hachette, Littérature, 2008.
- La Virginité féminine, mythes, fantasmes, émancipation, Paris, Odile Jacob, 2012.
- La Révolution maternelle depuis 1945 : femmes, maternité, citoyenneté, Paris, Perrin, 2016.
- Accoucher : femmes, sages-femmes et médecins depuis le milieu du XXe siècle, Paris, Presses de l’EHESP, 2016, 2ème éd.
- Réformer les congés parentaux : un choix décisif pour une société plus égalitaire, Paris, éd. Hygée, 2019.
Yvonne Knibiehler exprima sa définition du féminisme de la manière suivante « C’est l’autre face longtemps cachée de l’humanisme, une doctrine qui prône le développement de la personne humaine. Or il arrive que la personne humaine soit sexuée, et que ce qui permet le développement d’un sujet de genre masculin ne soit pas toujours suffisant pour le développement d’un sujet de genre féminin. De plus, nous constatons que la domination masculine, pour des raisons anthropologiques, continue d’être présente tout au long de l’histoire ». Yvonne Knibiehler a considéré l’histoire de la maternité comme une pièce maîtresse de « l’identité féminine » et en a fait un axe de ses recherches. La maternité a été instrumentalisée à différentes époques, révélant d’une certaine façon les évolutions des normes sociales et des rapports de genre.
Hommages.
Yvonne Knibiehler était chevalière de la Légion d’honneur et chevalière de l’Ordre national du Mérite.
Article de Catherine Chadefaud 17 mars 2025