Libres Mariannes, La Ligue du Droit International des Femmes et Regards de Femmes communiquent, le 30 juillet 2021
Le corps des sportives n’est ni une marchandise ni un étendard politico religieux
On assiste depuis plusieurs décennies à un double mouvement dans les épreuves sportives : dénuder le corps des athlètes femmes dans le monde occidental sous prétexte de mieux « vendre le sport féminin », et accepter au nom d’un affichage religieux ostentatoire, le port de l’uniforme islamiste couvrant le corps de certaines athlètes de la tête aux pieds, à l’exception du visage.
L’attitude face au non-respect de la tenue sportive règlementaire marque une des discriminations fondamentales qui frappent les sportives. La conception patriarcale du corps des femmes s’applique sur les tenues sportives des femmes : surexhibition ou dissimulation imposée, à la seule aune du regard masculin.
À l’occasion des Jeux de Rio en 2016, nous avions déjà fait le lien entre ces deux situations :
« Trop couvrir le corps des femmes sous des prétextes religieux ou trop le dénuder pour des motifs commerciaux, traduit le même mépris des femmes considérées comme objets sexuels et non comme sportives de plein droit. Cela revient à vider le sport de sa valeur émancipatrice et universelle. »[1]
Nous citions, parmi les stéréotypes humiliants observés aux JO de Londres en 2012, une arbitre voilée et des joueuses en mini-maillots ! (Beach-volley).
Cette année, à Tokyo, une arbitre égyptienne se félicite de « rentrer dans l’histoire (sic) en tant que première femme musulmane portant un hijab à arbitrer un match de basket aux Jeux olympiques. »
Cette année également, mais hors JO, les beach-handballeuses norvégiennes ont écopé d’une amende par leur fédération sportive pour avoir refusé de pratiquer leur sport en bikini impérativement « échancré » et avoir adopté le short, comme leurs homologues masculins.
Mais le Comité International Olympique (CIO) accepte, sans amende ni aucune forme de sanction ou de rappel au règlement, les tenues ségrégationnistes islamistes qui, outre leur sexisme tout aussi épais, contreviennent à des impératifs sportifs, ainsi qu’à la règle 50.2 et au principe 6 de la charte olympique.
Celle-ci impose, pour la tenue en compétition de s’en tenir aux seuls critères sportifs et non au prétendu libre choix qui masque mal les influences commerciales ou religieuses. Pourquoi ces deux poids et deux mesures ? Pourquoi le CIO ne respecte-t-il pas sa propre charte quand il s’agit des sportives ?
Nous félicitons et soutenons les athlètes qui se révoltent contre les tenues qui leur sont imposées pour dénuder leur corps.
Et nous dénonçons les instances sportives ainsi que celles et ceux qui au nom d’une vision compassionnelle et discriminatoire du droit des femmes acceptent que l’uniforme islamiste s’affiche dans le stade olympique alors qu’il bafoue la règle de neutralité et légitime l’apartheid sexuel dont il est la matérialisation concrète.
Laure Caille, Présidente de Libres Mariannes
Annie Sugier, Présidente de la Ligue du Droit International des femmes
Michèle Vianès, Présidente de Regards de Femmes
[1] APPLIQUEZ LA CHARTE OLYMPIQUE ! Brochure LDIF-JO 2016