Compte Rendu de lecture par Catheirne Chadefaud

Une cinéaste française sortie de l’oubli

Catel Muller et José-Louis Bocquet, Alice Guy, éd. Casterman, BD, 2021, 300 pages
Prix 24,95 E - ISBN 978-2-203-17166-7

Couverture Alice Guy300

Alice Guy est née en France en 1873, mais ses parents géraient deux librairies fort prospères au Chili. Après trois années passées auprès de sa grand-mère en Suisse, Alice découvrit Valparaiso et sa fratrie. Dès 1885 ses parents l’envoient en Europe avec ses sœurs ainées au pensionnat religieux de Ferney-Voltaire. Sa famille rentre à Paris à la suite d’avanies financières. Son père reprend une petite librairie. Alice est dans un pensionnat plus modeste où elle continue ses études et apprend à déclamer. Elle se passionne pour le théâtre et voudrait devenir actrice.

Après la mort brutale de son frère ainé puis de son père, Alice âgée de 17 ans, doit chercher du travail pour aider financièrement sa mère. Elle apprend vite la sténodactylographie et trouve un emploi aux écritures, dans une société parisienne de vernis industriels. Elle est ensuuite embauchée avec un meilleur salaire chez Richard et Gaumont dans une entreprise « Le comptoir de la photographie ». Pendant qu’elle est employée à la correspondance commerciale où elle donne toute satisfaction, Alice observe avec passion les premiers balbutiements du cinéma, il s’agit de l’appareil de Jules Marey : le phonoscope.

Alice Guy vers 1897 300

 

Peu après elle assiste à la venue des frères Lumière qui présentent à Paris leur invention : le cinématographe. Ils contactent l’entreprise Gaumont ; cependant l’avenir du « Comptoir de la Photographie » est en péril lors d’un conflit entre les frères Gaumont. Le contexte n’est guère favorable. L’incendie du Bazar de la Charité à Paris en 1897 met indirectement un coup d’arrêt au cinématographe : le feu avait été déclenché par un appareil de projection de type « Joly-Normandin » à cause de sa « lampe oxyéthérique » dangereusement inflammable.

Cependant en 1900 lors de l’Exposition Universelle de Paris, le cinématographe est bien représenté. L’entreprise, désormais dirigée par Léon Gaumont seul, se lance dans de nouveaux projets et Alice fait montre d’initiatives dans son travail. Pour les tournages la cité Elgé est construite à la Villette. Elle est vaste et utilisée comme théâtre de prises de vues. Alice Guy s’investit de plus en plus. Elle tourne également les premières « phonoscènes », ancêtres du cinéma parlant, à l'aide du chronophone qui couplait un projecteur et un phonographe.

Alice ne s’arrête pas là, elle recherche aussi des scénaristes. Louis Feuillade est alors embauché par Gaumont, il devient l’assistant d’Alice. En 1906, Léon Gaumont fait tourner aux Saintes Maries de la mer un film en décors naturels, sur le thème de la Camargue et des cavaliers. Alice Guy est chargée du travail de scénariste et de chef de plateau aux côtés d’Herbert Blaché, adjoint du directeur de la firme Gaumont à Londres. Par la suite Alice Guy accompagne Blaché à Berlin puis à Londres pour le compte de l’entreprise Gaumont.

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