Des femmes enlèvent leur foulard pour protester contre le premier "Jour de la chasteté" en Iran
1 L’une des premières mesures prises par l’iman Khomeiny, dès son arrivée au pouvoir, en février 1979, a été l’obligation pour les femmes de porter le tchador. Le 8 mars de cette même année, journée internationale des femmes, ainsi que les jours qui ont précédé et suivi, des dizaines de milliers de femmes sont descendues dans la rue aux cris de « nous n’avons pas fait la révolution pour ça ! ».
Leur combat n’a pas cessé depuis lors. Il est devenu plus visible avec le relais représenté par les réseaux sociaux. Ainsi, en 2014 avec l’initiative de Masih Alinejad, journaliste et écrivaine Iranienne, qui a créé la page Facebook #My Stealthy Freedom (Ma Liberté Furtive), contre l'obligation du port du sinistre tchador. Et puis il y eut à partir de mai 2017, des protestataires se voilant de blanc chaque mercredi, (#whitewednesdays). Également des hommes manifestant leur solidarité via « #MENINhIjAb ».
Plus spectaculaire encore, on se souvient de cette jeune femme qui en octobre 2018 à Téhéran, a enlevé son voile en plein milieu de la place Enghelab, ("la place de la révolution"). Après avoir retiré son voile, la manifestante aurait rapidement été arrêtée par la police. D’autres femmes ont également imité ce geste de révolte.
Dans le domaine du sport, il a fallu attendre 1991 pour que le pouvoir en place définisse une stratégie pour le sport féminin, par la voix du président iranien Hachemi Rafsandjani posant comme condition : de « respecter la pureté des femmes et les enseignements de l’islam », ce qui nécessite « d’éviter la corruption qui pourrait résulter de la présence simultanée d’athlètes hommes et femmes dans un même lieu> » ( discours d’ouverture du Congrès de la Solidarité Islamique Femmes et Sportauquel participent 20 pays islamiques). Autrement dit le respect de l’apartheid sexuel à l’encontre des femmes
C’est alors que sera défini le modèle sportif féminin islamiste (1) soit des Jeux séparés pour les femmes, (2) soit des conditions posées à leur participation aux compétitions internationales, à savoir : sportives couvertes de la tête aux pieds, participation aux seules compétitions non mixtes et aux disciplines compatibles avec les enseignements du coran. A noter qu’aucune condition n’est posée à la participation des sportifs iraniens aux compétions internationales… Les instances sportives internationales croyant bien faire, et en contradiction avec les règlements sportifs notamment la règle 50.2 de la Charte Olympique, qui interdit toute expression politique, religieuse ou raciale dans le stade, ont accepté ces conditions discriminatoires.
1Livre «The first meeeting, an illustrated report of the first islamic countries’s women sports solidarity Games, February 1993, Tehran » diffusé par les ambassades d’Iran dans les années 90.
[Voir aussi le livre « Comment l’islamisme a perverti l’Olympisme », Annie Sugier, Linda Weil-Curiel et Gérard Biard, 2017, Chryséis ed