Nargès Mohammadi a reçu le prix Nobel de la Paix en octobre 2023. Née en 1972 en Iran elle est actuellement en détention à la prison d’Evin à Téhéran. Militante des droits des femmes et des droits humains, elle est privée de sa famille, partie en exil, depuis huit ans.
En 1999 Nargès Mohammadi avait épousé un journaliste pro-réforme Taghi Rahmani. Ce dernier est venu se réfugier en France après avoir purgé quatorze ans de prison du fait de ses engagements citoyens. Le couple a deux enfants.
Le prix Nobel 2023 stipule que Nargis Mohammadi a été reconnue pour son « combat contre l’oppression des femmes et pour sa lutte pour la promotion des droits humains et la Liberté de tous ».
Ce prix Nobel de la Paix s’adresse au-delà de Nargis Mohammadi à un mouvement de protestation qui s’est amplifié dans la jeunesse iranienne, lors du décès brutal et inexpliqué en septembre 2022 de Mahsa Amini, jeune femme, lors de son arrestation par la « police des mœurs » pour un voile ne couvrant pas de manière conforme sa chevelure.
protestation qui s’est amplifié dans la jeunesse iranienne, lors du décès brutal et inexpliqué en septembre 2022 de Mahsa Amini, jeune femme, lors de son arrestation par la « police des mœurs » pour un voile ne couvrant pas de manière conforme sa chevelure.
Qui est Nargès Mohammadi ? Elle a fait des études à l’université de Téhéran et a obtenu un diplôme de Physique, elle est ensuite devenue ingénieure professionnelle. Pendant sa carrière universitaire, ses articles ont soutenu les droits des femmes et lui ont valu deux arrestations (lors des réunions de groupes étudiants). Madame Mohammadi a ensuite travaillé comme journaliste dans plusieurs publications réformistes. En 2003 elle a rejoint l’association DHRC (Defenders of Human Rights Center) dirigée par la lauréate du prix Nobel de la Paix, la juriste iranienne Shirin Ebadi.
Nargès Mohammadi a été arrêtée, la première fois en 1998, pour ses critiques du gouvernement iranien. Elle a passé un an en prison.
En avril 2010, Nargès est convoquée par le Tribunal Révolutionnaire Islamique pour son appartenance à la DHRC (cf. supra). Peu après elle est libérée sous caution, puis à nouveau incarcérée, elle tombe malade du fait de sa détention. Elle est ensuite condamnée à onze ans de prison. Nargès a été accusée par le Tribunal d’actes de « tentations de renversement du régime » (sic).
Des interventions internationales sont alors menées en sa faveur de même que des appels sont lancés par Amnesty International et par Reporters sans frontières. Nargès est libérée de prison en juillet 2012 mais elle est ensuite à nouveau incarcérée sur de nouvelles accusations en mai 2015.
En 2016 le Tribunal Révolutionnaire Islamique de Téhéran la déclare coupable d’avoir établi et dirigé un groupe illégal du nom de Legan qui milite pour les droits humains et l’abolition de la peine de mort. Après une grève de la faim en raison du refus de lui accorder l’accès aux soins médicaux indispensables, Nargès Mohammadi est libérée en octobre 2020. Elle est ensuite à nouveau arrêtée et emprisonnée en 2021 puis condamnée à purger une peine de dix ans.
Pendant ses différentes périodes de détention Nargès a recueilli des témoignages de prisonnières. Elle a ensuite enregistré ces témoignages pour publier en 2022 « White torture ». Ce documentaire expose les conditions d’une torture qui ne laisse pas de traces physiques mais qui consiste à enfermer les détenues dans un espace clos de quatre murs blancs, sans accès à la lumière naturelle et qui utilise la longueur de la détention, l’absence de sommeil et l’usure psychologique et la souffrance morale pour faire avouer n’importe quoi.
Nargès Mohammadi a reçu plusieurs distinctions avant le Nobel de 2023, dont :
- Le prix Andrei Sakharov 2018 de la Société américaine de Physique
- Le prix Olaf Palme pour les droits de l’Homme en janvier 2023.